Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/270

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
256
L'ANTISÉMITISME

du sémite, et Pâris devient, pour les besoins de la cause, un brigand sémitique ravissant les belles aryennes. Plus tard ce sont les guerres médiques qui figurent une phase de ce grand combat, et l’on peint le grand roi comme le chef de l’orient sémitique se ruant sur l’occident aryen ; c’est ensuite Carthage disputant à Rome l’empire du monde ; c’est l’Islam marchant contre le Christianisme, et l’on se plaît à montrer le Grec vainqueur du Troyen et d’Artaxerxès, Rome triomphant de Carthage et Charles Martel arrêtant Abd-er-Rhaman. Les apologistes des aryas, de même qu’ils reconnaissent des sémites dans les Troyens, ne veulent que voir des aryens dans ces hordes hétérogènes et barbares qui assiégèrent l’opulente Ilion et dans ces Mèdes qui subjuguèrent l’Assyrie, ces Mèdes dont une seule tribu — celle des Arya-Zantha — était aryenne, tandis que la majorité était sans doute touranienne ; ils veulent prouver que Sumer et Accad, les éducateurs des sémites, étaient des aryens, et quelques-uns même ont attribué cette noble origine à l’antique Égypte. Ils ont fait mieux encore, ils ont, dans les civilisations sémitiques, fait la part du bon et du mauvais, et c’est désormais un article du catéchisme antisémite que tout ce qui est acceptable, ou parfait dans le sémitisme, a été emprunté aux aryens.

Les antisémites chrétiens ont ainsi concilié leur foi avec leur animosité, et n’hésitant pas devant l’hérésie ils ont admis que les prophètes et Jésus