bien que la tendance à l’élimination subsistât toujours. Arrivées à un certain stade de développement, les sociétés primitives furent pour l’isolement, pour l’exclusivisme, pour la haine mutuelle ; les caractères nationaux étant en formation évitèrent tout choc, toute altération, et l’exclusivisme fut peut-être nécessaire pendant un certain temps pour constituer des types. Lorsque ces types furent solidement formés, il devint utile d’adjoindre des cellules nouvelles à l’agrégat primitif, sous peine de voir cet agrégat se cristalliser et s’immobiliser comme cela est arrivé en certains cas ; on permit donc à l’étranger de s’introduire dans la nation, mais on le permit avec de grandes précautions, en entourant la naturalisation et l’adoption de mille règles, et celui qui voulut rester étranger dans la société fut soumis à des restrictions très gênantes. Les lois furent très dures à ceux qui n’étaient pas des nationaux. La loi juive est accusée d’avoir été impitoyable pour le non-juif, mais la loi romaine n’a pas été tendre pour le non-romain, qui était sans droit, comme le non-grec à Athènes et à Sparte. Aujourd’hui encore l’exclusivisme, ou l’égoïsme, national se manifeste de la même façon, il est encore aussi vivace que l’égoïsme familial dont il n’est qu’une extension ; on peut même constater que, par une sorte de régression, il s’affirme actuellement avec plus de force. Tout peuple semble vouloir élever autour de lui une muraille de Chine, on parle de conserver le patrimoine national, l’âme nationale, l’esprit national et le mot hôte reprend
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