Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/324

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des prescriptions : la piété c’était la justice, l’impiété c’était l’injustice et le crime. »

L’homme que loue le Juif, ce n’est pas le saint, ce n’est pas le résigné : c’est le juste. L’homme charitable n’existe pas pour ceux de Juda ; il ne peut être question de charité en Israël, mais seulement de justice : l’aumône n’est qu’une restitution. D’ailleurs, qu’a dit Iahvé ? Il a dit : "Vous aurez des balances justes, des poids justes, des épha justes et des hin justes[1]" ; il a dit encore : « Tu n’auras point égard à la personne du pauvre, et tu ne favoriseras pas la personne du grand, mais tu jugeras ton prochain selon la justice[2]. »

De cette conception, aux âges primitifs d’Israël, sortit la loi du talion. Évidemment des esprits simples, pénétrés de l’idée de justice, devaient fatalement arriver : « Œil pour œil, dent pour dent. » C’est plus tard que s’adoucit la rigueur du code, quand on eut une compréhension plus exacte de ce que devait être l’équité.

Le Iahvéisme des prophètes reflète ces sentiments. Le Dieu qu’ils louent veut : « Que la droiture soit comme un courant d’eau, et la justice comme un courant intarissable »[3] ; il dit : « Parce que moi, Iahvé, je fais charité, jugement et justice sur la terre ; c’est par là que je suis réjoui[4]. » Connaître la jus-

  1. Levit., XIX, 36.
  2. Levit., XIX, 15.
  3. Amos, V, 23, 24.
  4. Jérémie, IX, 24.