Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/404

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Juifs, non seulement de ceux qui les entourent, mais encore et surtout de l’état social. Ignorants des véritables origines de leurs sentiments, ceux qui professent l’antisémitisme expliquent leur état d’esprit par des griefs qui ne concordent pas avec les causes que nous avons trouvées ; griefs ethniques, griefs religieux, griefs politiques, griefs économiques, tous ces décors de l’antisémitisme ne sont pas fondés. Les uns, comme les griefs ethniques, proviennent d’une fausse conception des races ; les autres, comme les griefs religieux et les griefs politiques, sont nés d’une idée incomplète et étroite de l’évolution historique ; les derniers enfin. comme les griefs économiques, ont été produits par le besoin de voiler une des luttes du capital. Ni ceux-ci ni ceux-là ne sont justifiés. Il n’est pas exact que le Juif soit un pur Sémite, pas plus que les peuples européens ne sont de purs Aryens. La notion même de Sémite et d’Aryen, impliquant une inégalité respective, ne peut en rien se légitimer ; nous avons vu qu’au sens que l’on attribue à ce mot, il n’y a pas de race, c’est-à-dire pas de collectivité humaine descendant de deux ancêtres primitifs et s’étant développée sans admettre l’intrusion étrangère. L’idée de la pureté de sang, comme fondement de l’unité dans l’association, si elle a eu sa raison d’être alors que l’humanité était composée de minuscules hordes hétérogènes, n’a plus été soutenable dès que ces hordes se sont agrégées pour former des cités. Elle s’est cependant perpétuée, elle est devenue une fiction ethnolo-