Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/412

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peuples et que le sémite tue et perd l’aryen, ce qui est d’ailleurs en contradiction avec la théorie antisémitique d’après laquelle toute race supérieure doit subjuguer la race inférieure sans pouvoir être entamée par elle. Les Juifs sont-ils réellement incapables de s’assimiler ? Pas le moins du monde, et toute leur histoire prouve le contraire. Elle nous a montré[1] combien de Juifs avaient pénétré dans les nations par le baptême, combien nombreuses avaient été les conversions au moyen âge, combien enfin de Juifs avaient disparu, absorbés par ceux qui les entouraient, venant volontairement au Christ ou ondoyés de force par des moines ou des rois fanatiques, Juifs dont on ne peut pas plus aujourd’hui retrouver des vestiges, qu’on ne peut par exemple trouver trace des Goths, des Alamans, des Suèves, qui, amalgamés à d’autres peuplades encore, ont contribué à former le Français. De tous temps, le Juif, comme tous les sémites, s’est uni à l’aryen, de tous temps il y a eu pénétration réciproque de ces deux races, et rien n’est plus propre à prouver combien l’assimilation est possible. Du reste, pour démontrer que les Juifs ne sont pas assimilables, il faudrait démontrer qu’ils ne sont pas modifiables, car tout être incapable de se modifier ne peut être fondu dans une agglomération humaine, de même que tout aliment réfractaire ne peut entrer dans l’économie du corps. Or, ils ont été constamment transformés par les mi-

  1. Ch. X.