lieux. Si on trouve entre un Juif espagnol et un Juif russe[1] des ressemblances, on trouve aussi des différences, et ces différences n’ont pas été seulement produites par l’adjonction de peuplades étrangères attirées et converties par les Juifs, elles ont été produites aussi par le milieu naturel, par le milieu social et par le milieu moral et intellectuel. Le type juif n’a pas seulement varié dans l’espace, il a varié dans le temps ; c’est un truisme de dire que le Juif du ghetto de Rome n’était pas le même que le Juif des troupes de Barkokebas ; de même que le Juif de nos grandes capitales européennes n’est point semblable au Juif du moyen âge. Cependant ces dissemblances que je signale entre Juifs de divers pays et de divers âges sont moins saillantes que les ressemblances ; cela prouve que le milieu artificiel dans lequel on a fait vivre le Juif a été plus fort que le milieu naturel ; c’est toujours ce qui arrive pour l’homme, car il est moins sensible aux milieux climatériques, contre lesquels il réagit sans cesse qu’aux milieux sociaux. Le Juif n’a pu échapper à cette règle humaine, et ce ne sont pas les neiges de Pologne ou les torrides soleils d’Espagne qui ont été ses modeleurs principaux. Il a été pétri par les lois politiques des nations et par la religion, religion puissante et terrible, comme toutes les religions rituelles qui remplacent la métaphysique par une Somme législative. Ces lois et cette religion ont été toujours les mêmes pour le Juif ; en
- ↑ Je parle des Juifs pratiquants, bien entendu.