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Page:Lazare - L’Antisémitisme, 1894.djvu/50

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L'ANTISÉMITISME

cette cause capitale qui, jointe aux causes secondaires dont j’ai parlé : les richesses des Juifs, leur importance politique, leur situation privilégiée, amena les manifestations antijudaïques à Rome. La plupart des écrivains latins et grecs, depuis Cicéron, témoignent de cet état d’esprit.

Cicéron, qui avait été l’élève d’Apollonius Molon, avait hérité de ses préjugés ; il trouva les Juifs sur son chemin : ils étaient du parti populaire contre le parti du sénat, auquel il appartenait. Il les redouta, et, par certains passages du Pro Flacco, nous voyons qu’il osait à peine parler d’eux, tant ils étaient nombreux autour de lui et sur la place publique. Néanmoins, un jour il éclate : « Il faut combattre leurs superstitions barbares », dit-il : il les accuse d’être une nation « portée au soupçon et à la calomnie », et il ajoute qu’ils « montrent du mépris pour les splendeurs de la puissance romaine[1] ». Ils étaient, selon lui, à craindre, ces hommes qui, se détachant de Rome, tournaient les yeux vers la cité lointaine, cette Jérusalem, et la soutenaient des deniers qu’ils tiraient de la République. En outre, il leur reprochait de gagner les citoyens aux rites sabbatiques.

C’est cette dernière accusation qui revient le plus souvent dans les écrits des polémistes, des poètes et des historiens ; de plus, cette religion juive, qui charmait ceux qui en avaient pénétré l’essence, rebutait les autres, ceux qui la connaissaient mal et la

  1. Pro Flacco.