regardaient comme un amas de rites absurdes et tristes. Les Juifs ne sont qu’une nation superstitieuse, dit Perse[1] ; leur sabbat est un jour lugubre, ajoute Ovide[2] ; ils adorent le porc et l’âne, affirme Pétrone[3].
Tacite, si renseigné, répète sur le Judaïsme les fables de Manéthon et de Posidonius. Les Juifs, dit-il, descendent des lépreux, ils honorent la tête d’âne, ils ont des rites infâmes. Puis il précise ses accusations, et ce sont celles des nationalistes, si je puis dire : « Tous ceux qui embrassent leur culte, affirme-t-il, se font circoncire, et la première instruction qu’ils reçoivent est de mépriser les dieux, d’abjurer la patrie, d’oublier père, mère et enfants. » Et il s’irrite en disant : « Les Juifs considèrent comme profane tout ce qui chez nous est considéré comme sacré[4]. » Suétone et Juvénal redisent la même chose ; c’est le reproche capital : « Ils ont un culte particulier, des lois particulières ; ils méprisent les lois romaines[5]. » Et c’est encore le grief de Pline : « Ils dédaignent les dieux[6]. » C’est celui de Sénèque ; mais, chez le philosophe, d’autres motifs interviennent.
Sénèque, Stoïcien, était en rivalité avec les Juifs, comme l’avaient été les Stoïciens à Alexandrie. Il leur reprochait moins leur mépris des dieux que leur