Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/129

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
121
LE BŒUF DE MARGUERITE

pas de chez nous alors. Mais passons ; cela ne fait pas grand’chose à l’histoire.

Cette route perce une claire trouée dans le bois sombre, au bout des terres en culture. L’eau diaphane d’un petit ruisseau la coupe comme une épée d’argent. Il coule paresseusement, le petit ruisseau, dans un lit étroit, sous les feuillages et parmi les fleurs, au milieu de la forêt ombreuse ou de la prairie ensoleillée, un peu partout où le caprice le pousse. Les oiseaux y baignent leurs ailes, et les bêtes à cornes des clos voisins y viennent boire à la file.

En haut de la route, dans une maisonnette noircie par la pluie et la vétusté, habitait une femme passée fleur, bien qu’elle fût, en apparence, dans toute la splendeur de sa virginité.

C’est que, d’après mon oncle, il aurait fallu une certaine hardiesse pour se glisser dans l’intimité de cette espèce de… Cherche un mot, lecteur.

Elle était assez grande, assez grosse et rudement ébauchée. Ses bras durs et