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LE BŒUF DE MARGUERITE

bronzés pouvaient sembler appétissants quand ils se balançaient nus le long de ses hanches ; mais au bout de ces bras s’épanouissaient des mains gercées qui tapaient ferme. Elle avait des yeux bleus pleins de malice et une bouche large pleine de jurons.

En été, une chemise de toile hardiment échancrée, un jupon de droguet ridiculement court, et un chapeau de paille démesurément large, composaient sa toilette ordinaire. En hiver, elle chaussait des bottes tannées, retenues en haut des mollets par des jarretières de cuir rouge, endossait une capote grise agrémentée d’un capuchon, et coiffait un casque de peau de chat muni de larges oreilles.

Elle n’était pas séduisante.

Elle s’appelait Marguerite Leclaire, et nous, les gamins de ce temps-là, nous l’appelions Marguerite-le-bœuf.

Elle n’aimait pas ça.

Pourquoi l’appelions-nous ainsi ? Pour un rien. Tout simplement parce que, le printemps et l’automne, après les se-