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LE BŒUF DE MARGUERITE

et la chanson reprit son vol d’une aile un peu mouillée.

* * *

L’événement fit du bruit. On en parla beaucoup. Ce n’était plus un bœuf, que Marguerite avait attelé à son traîneau, c’était le diable lui-même. On l’avait entendu rugir ; on l’avait touché ; le feu de ses cornes était resté aux mains.

Quelques parents des promis disaient qu’il ne fallait pas songer au mariage, après de pareilles menaces. On ne s’expose pas ainsi. Il devenait nécessaire au moins de consulter Marguerite, et de lui faire un cadeau pour gagner sa bienveillance.

Les jeunes gens trouvaient dur de se soumettre. Ils étaient revenus un peu de leur terreur maintenant, et ils ne voyaient pas pourquoi le ciel refuserait de leur ouvrir les portes de cet éden enchanteur où, avant eux, s’étaient introduits bravement leurs pères et leurs mères.