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Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/148

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LE BŒUF DE MARGUERITE

Le presbytère, d’ordinaire soigneusement fermé, dut s’ouvrir à la fin pour laisser entrer la rumeur. Le curé fut mis au courant de tout ce qui se passait. Il en apprit tellement long qu’il demeura tout à fait sceptique. Ces récits d’un bœuf enveloppé de flammes surnaturelles, qui avait chanté et dansé à la parole d’une femme, et d’un sort jeté par la vieille hère à une fille naïve qui entrevoyait, le ciel dans le mariage, lui parurent indignes d’occuper un esprit sérieux. Il hocha la tête, et sourit malicieusement.

Cependant, un matin de mai, le bruit courut dans la paroisse que le bœuf de Marguerite s’était promené le long de la route, avec de nouvelles cornes de feu sur le front. Il avait été vu, le soir, par des jeunes gens qui revenaient de la veillée. On crut d’abord à une mystification, et l’on dit à ces jeunes gens qu’ils perdaient leur temps et ne feraient point de dupes. Mais des hommes dignes de foi, un conseiller municipal, un marguillier même, affirmèrent à leur tour l’avoir vu aussi.