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LE BŒUF DE MARGUERITE

Et c’était toujours par des nuits noires et pluvieuses, qu’il se montrait avec ce panache infernal. Cela fit dire à mon oncle qu’il était bien prudent après tout, cet animal, de ne promener ainsi le feu que sous les bois mouillés et quand la pluie tombait pour l’éteindre.

Les simples se cramponnèrent de nouveau à leurs superstitions attrayantes. Ils se réunissaient, le soir, pour causer sorcellerie, et ils menaçaient de ne plus voir bientôt que l’intervention de l’enfer dans les choses de ce monde. Le diable allait tenir le beau rôle, et le bon Dieu, mis en disponibilité, n’aurait qu’à se retirer avec les débris de la milice céleste, dans son château fort, bien difficile du reste à enlever.

Le curé dut enfin intervenir. Il fut même sur le point de se fâcher, lui toujours si doux et si conciliant.

C’était un dimanche. Après avoir chanté l’évangile d’une voix plus énergique que de l’accoutumée, il se dirigea vers l’escalier de la chaire, d’un pas grave