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LE BŒUF DE MARGUERITE

Il lui faut un asile un peu loin du bruit, pour que sa prière soit plus recueillie et son étude, moins interrompue. C’est là que vous le trouvez, le jour ou la nuit, par le beau temps ou les tempêtes, quand vous éprouvez le besoin de lui confier un chagrin ou de lui demander un conseil. C’est à sa porte que vous frappez quand le deuil menace votre maison, et que la personne que vous aimez le plus peut-être vous a dit, dans un sanglot, qu’elle se sentait mourir.

Il est père, mais son foyer est vide.

Les rêves d’amour n’ont jamais voltigé dans l’alcôve où il dort, et les bras qui s’ouvrent pour le recevoir, quand il tombe sur sa couche pudique, sont les bras miséricordieux de son crucifix.

Il est père et vous êtes sa famille.

Il n’est pas nécessaire, sans doute, qu’il habite un château, et nulle paroisse ne doit se ruiner pour loger son curé plus magnifiquement que son Dieu. Mais en ceci comme en toutes choses, il faut de la convenance et de la dignité.