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LE BŒUF DE MARGUERITE

— Notre Seigneur n’avait pas une pierre où reposer sa tête, me direz-vous, et les apôtres ne portaient que leur bâton.

C’est vrai, mais depuis lors il s’est écoulé dix-neuf cents ans !

Il y a dix-neuf cents ans, l’Église n’était pas descendue du calvaire. Elle était encore tout entière dans la pensée de son divin fondateur, et les douze apôtres qui devaient se partager le monde, pouvaient recevoir l’Esprit Saint dans une humble et étroite enceinte, et rédiger, dans une caverne, le « Credo » qui devait renouveler la face de la terre.

Depuis, comme une mer débordante, l’Église a baigné tous les rivages, comme un soleil ardent elle a rayonné sur toutes les contrées, Elle s’est assise comme une souveraine sur la terre qu’elle sanctifie, et la pierre choisie par le Sauveur est devenue son trône inébranlable.

Elle n’a qu’un chef, cependant, et qu’une seule autorité suprême. Elle n’est ni de France, ni d’Angleterre, ni d’Allemagne, ni de Russie, ni d’Amérique, ni d’Asie,