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BAPTÊME DE SANG

mes enfants ! Il faut entendre parler les hommes ou lire leurs écrits, si on veut les connaître.

J’avais une petite amie. À vingt-cinq ans, le cœur ne demande qu’à s’ouvrir à l’amour, comme une fleur au soleil. Elle m’aimait bien. Du moins, je le croyais. Les femmes ont toujours l’air d’aimer quand elles ne haïssent pas. Nous faisions des rêves enchanteurs. Nos parents unis par une longue amitié, jouissaient d’une certaine aisance. Ils ne manqueraient pas de favoriser nos vœux… Nous aurions notre maisonnette au fond d’un jardin, sur le bord de la rivière… Quand je viendrais du champ, elle poserait ses lèvres fraîches sur mon front baigné des sueurs du travail… Nous dînerions en tête-à-tête… Nous irions nous asseoir à l’ombre des grands arbres, sur l’herbe épaisse comme un coussin… Toute la félicité que rêvent les amoureux de tous les temps et de tous les lieux, nous l’aurions certainement, mes enfants ! Illusion ! Illu-