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BAPTÊME DE SANG

sion !… Mais, j’espère que la jeunesse ne m’entend pas. Je ne voudrais point la détromper. Le rêve seul est beau… Au reste, qu’ai-je à craindre ? La jeunesse croira toujours fatalement dans l’avenir, comme le vieil âge regrettera toujours le passé.

J’avais hâte d’entendre l’appel du clairon et de courir à la bataille. Je voulais me distinguer, et venir déposer mes lauriers aux pieds de ma Dame, comme les chevaliers d’autrefois. J’avais donc deux amours : Ma patrie et ma Dame. Si je regarde bien, j’en trouve encore : Mon foyer, ma famille, ma mère… Ma mère surtout !… Le cœur est immense et les choses qu’il doit aimer sont sans nombre.

Enfin, je reçus le baptême de sang. Un divin baptême, celui-là aussi, mes enfants ! quand c’est pour le droit que le sang est versé.

C’était à quelques milles de Longueuil, vis-à-vis la propriété d’un nommé Trudeau, si j’ai bonne souvenance, et sous le