Aller au contenu

Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
21
LE HIBOU

arme. Le coup partit, l’oiseau aussi. La détonation roula sinistre sous le dôme de la forêt ; l’oiseau décrivit un cercle noir dans la pénombre, et ses ailes lentes et larges s’agitèrent sans bruit dans l’air immobile. Il plongea dans la cheminée, et se prit à ululer d’une façon plaintive, comme la première fois.

— Il doit être blessé, fit Célestin, entrons ; je le dénicherai bien.

Nous improvisons un flambeau d’écorce, et nous pénétrons dans la maison en ruine. Le bruit sourd d’un vol de chauves-souris s’éleva de tous les coins, et nous vîmes des ailes nues s’agiter froides et molles autour de nos têtes. Les nocturnes habitants de ces lieux s’indignaient de notre témérité, ou se laissaient éblouir par la flamme qui sortait tout à coup des ténèbres.

En face du foyer refroidi, il y avait des branches de sapin. C’était un lit où l’on pouvait dormir. L’odeur du sapin a quelque chose d’enivrant ; elle calme la fatigue comme l’arôme du pavot, et elle réveille