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Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/24

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MAISON HANTÉE

des songes agréables comme une bouffée d’opium. Quelques-unes de ces branches desséchées et couleur de rouille faisaient ressortir le vert sombre des branches nouvellement apportées.

Il n’était pas gai de demeurer ainsi plongés dans l’obscurité, sous les plafonds humides, parmi les hôtes sauvages de la masure, en face de cette hideuse cheminée où se promenait toute la gente redoutable qui fait de la nuit ses délices, et des décombres sa retraite préférée.

Nous jetons dans le foyer quelques branches sèches, et nous nous amusons à voir la flamme tordre les ramilles en spirales ardentes, et à écouter le crépitement joyeux des feuilles résineuses. Soudain voici que nous apercevons, juché sur la crémaillère enfumée, le long de la paroi couverte de suie, un peu en arrière du feu, le hibou fantastique qui nous a salués tout à l’heure. Ses yeux étincellent comme des escarboucles, dans les deux cercles de plumes grises qui lui étoilent la tête, et