Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
218
LA DERNIÈRE NUIT

félicité !… Elle sera l’esclave heureuse, il sera le maître noble et bon. Ô rêves bénis des jeunes filles, c’est l’inconstance de l’homme qui vous coupe les ailes ! Rêves bénis des jeunes filles, si vous pouviez devenir une chose vraie, la société deviendrait une chose sainte ! Séraphine avait passé la nuit dans les pleurs.

L’âme ne saurait toujours souffrir, ni jouir toujours. Elle se console par l’excès de sa douleur, comme elle s’attriste par l’excès de sa joie. Elle se fatigue parce qu’elle subit l’influence nécessaire d’une enveloppe périssable. Cependant, elle peut trouver aussi le repos dans la peine et la mesure dans la joie, en sortant en quelque sorte de la prison qui l’enferme, pour s’envoler aux régions bénies où se cache Dieu. Elle s’élève sur les ailes de la foi et cherche, dans l’inconnu mystérieux, le bien-aimé qui l’attend.

Séraphine avait gémi sur les félicités perdues. Elle se sentait descendre en un