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LA DERNIÈRE NUIT

gouffre effrayant comme une fosse de cimetière. La solitude allait se faire autour d’elle. Ses yeux ne verraient plus, avec le plaisir accoutumé, fleurir les marguerites menteuses ; ses oreilles se fermeraient aux chansons des nids ; le murmure de la source ne lui dirait plus rien. Une indifférence mortelle la rendrait odieuse aux autres, étrangère à elle-même. Il n’est pas de consolations dans le monde pour celui qui souffre à cause du monde.

Mais si l’amour blessé se réfugie au pied de la croix, le sang qui tombe goutte à goutte du bois sacré le ranime et le guérit. Cet amour se calme comme un flot lorsque le vent s’endort, ou bien il prend un essor nouveau vers un nouveau but.

La paroisse le savait, Séraphine devait se marier avec Edmond Beaulac, du Grand-Brûlé. La mère Durand qui se trouve la tante d’Edmond, et qui de-