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LA DERNIÈRE NUIT

tintement des pièces d’or, qui ont séduit ce pauvre Edmond, juste au moment où il allait sceller son bonheur.

Et il a trahi la vertueuse Séraphine pour cette créature, gentille assurément, mais dont la ceinture est trop dorée peut-être. Il aime tout ce qui luit, ce malheureux garçon, le clinquant comme l’or ; il aime tout ce qui fait du bruit, le grelot comme la cloche. Il veut être riche et devenir préfet du comté. Il n’avoue pas encore qu’il aspire à siéger à la législature, mais il se croit de l’étoffe dont on fait les députés. Il ignore que ces hommes-là n’ont pas été fabriqués d’une façon spéciale, et que les couleurs agréables dont ils se parent, changent souvent à la pluie de l’or ou au soleil du pouvoir, comme les grands ramages des indiennes à meubles.

Pendant que Séraphine, tout engoissée, regardait ses chères espérances tomber comme les feuilles qu’un souffle violent détache des rameaux, Edmond, le cœur fermé aux remords, l’esprit réveillé par la