Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/239

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
223
DU PÈRE RASOY

soif du lucre, Edmond se plaisait à édifier un avenir digne d’envie. Il aurait des serviteurs pour faire la rude besogne des semailles et de la moisson. Il taillerait l’ouvrage, eux, ils l’exécuteraient. Il dirait : « Allez ! » et ils iraient, « Venez » ! et ils viendraient. Les senteurs écœurantes de l’étable ne s’attacheraient plus à son vêtement. Il entrerait dans les stalles des bêtes à cornes, quand la pelle de « l’engagé » aurait enlevé les immondices, et que les fétus d’or d’une paille épaisse lui auraient fait un tapis. Ce n’est pas Zulma qui pourrait supporter, dans sa maison luisante et claire, les émanations grossières de la grange, Zulma qui fleure bon comme une rose.

Or, cette Zulma, la petite-fille de feu le père Rasoy, un vieux riche, très riche même, jusqu’à la dernière minute de son existence, Zulma venait directement de Fall River. Sa mère était morte depuis longtemps, et son père, qui avait convolé,