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LA DERNIÈRE NUIT

s’occupait d’élever une nouvelle famille à l’abri du drapeau étoilé. Cela lui permettait d’économiser les billets de passage, disait-il.

Elle était employée dans une manufacture de laine. Depuis plusieurs années elle avait fourni, aux bobines ronflantes des rouets, les cardées qui, presque sans fin, se tordent et s’allongent sous les doigts exercés des machines humaines.

Les émanations malsaines des huiles qui chauffent dans les rouages, les buées nauséabondes qui flottent sous les plafonds noircis, au-dessus des métiers bruyants, auraient dû, ce semble, la préparer aux odeurs peu agréables, sans doute, mais moins dangereuses, de l’étable et de l’écurie.

Des cousins — et des cousines avaient attendu, comme elle, avec une impatience bien déguisée, le départ de l’aïeul pour le cimetière.

Cet aïeul qui venait de mourir, il s’était montré, toute sa vie, d’une avarice sor-