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DU PÈRE RASOY

sur les mains et les pieds du Divin supplicié. Un singulier frisson courut sur ses chairs délicates et elle tomba à genoux. Elle ne pouvait détacher ses yeux humides du Christ sanglant, et tremblante, confuse, désolée, elle demanda pardon de sa faiblesse ! Pauvre enfant !

L’amour se transformait. Le feu divin allait s’allumer dans les cendres de l’amour terrestre… Le doux Jésus comptait une amante de plus, et l’homme méprisable était oublié.

Oh ! miracle ineffable de la croix !

Quand le jour parut comme un sourire du ciel dans la fenêtre close, Séraphine, toute consolée, avait choisi le couvent des tertiaires pour sa retraite. Là, aux pieds de l’époux céleste, éternellement fidèle à ceux qui l’aiment, elle attendrait l’heure de l’union sans fin.

Vers la même heure, durant cette nuit remarquable dont je ne perdrai jamais la mémoire, je regardais avec pitié le vieillard inconscient, pour qui les choses de