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LA DERNIÈRE NUIT

indicible, son front se plissa, sa bouche se fendit en un rictus amer, ses mains se disjoignirent, un frémissement étrange agita ses vieux membres engourdis.

— Le crucifix saigne, lui murmurai-je à l’oreille.

Aussitôt la crise diabolique finit. Ses yeux se fixèrent sur la cloison, à l’endroit où se montrait le Christ sanglant. Il se confessa. Le notaire eut son tour. Ce ne fut pas aussi long que… que mon esprit malveillant l’aurait cru.

Il mourut en paix.

Dans le doute, le vieux converti avait exagéré ses obligations. Son testament fut une surprise. Il donnait peu à sa famille ; il donnait un joli denier aux nécessiteux, il donnait beaucoup à une étrangère. Et cette étrangère, c’était la petite fille du maître qu’il avait dépouillé, Séraphine, la pauvre délaissée.

En apprenant cela, Zulma, sa petite-fille à la ceinture dorée, entra dans une colère ridicule, congédia brutalement son