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LES MARIONNETTES

saient les rigoles à travers les champs moissonnés.

Toutes se complaisaient dans la buée tremblotante d’un café divinement exquis, né de l’union de deux plantes étrangères, l’une de l’orient et l’autre, de l’occident. Les heureuses mères de famille donnaient, sans honte et sans regret, un lait généreux à leurs vaillants poupons, et les poupons, souriaient narquoisement, comme s’ils avaient pu savoir les ruses de leurs belles aïeules, et les illusions des antiques bébés.

L’évolution n’était pas encore parfaite. On aura beau faire, il restera toujours quelque chose de l’œuvre sage du Créateur.

Les hommes, sans ambition désormais, et contents de se reposer d’une lutte tant de fois séculaire, trouvaient tout naturel ce jeu des forces créées. Ils ne fumaient plus, ne buvaient plus, ne jouaient plus, et se laissaient aimer chastement, en riant malicieusement des surprises que l’avenir réservait à d’autres.