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L’ANNEAU DES FIANÇAILLES

notre monde et celles des autres mondes. Ils nous parleraient peut-être des canaux gigantesques de Mars et nous diraient pourquoi, à certaines époques, ils se dédoublent. Ils nous révéleraient le secret des étoiles blanches comme Sirius, Véga ou Ataïr ; des étoiles jaunes, comme Arcturus, Pollux ou La Chèvre ; des étoiles rouges, comme Béteigeuse, Antarès, Algol. Ils nous raconteraient comment ils nous voient des profondeurs de l’infini où ils se sont envolés, pendant que nous, nous avons peine à voir plus loin que notre main. Nous ne pouvons pas découvrir les sentiments faux de l’ami qui nous sourit, les calculs égoïstes de la main qui nous relève, les roueries coupables du politiqueur qui nous harangue, la fragilité des promesses que nous fait l’amitié, la jalousie des confrères qui nous félicitent, et cetera

Je n’avais pas peur des morts. Il était onze heures du soir quand nous mîmes, dans la main du gardien, la pièce blanche