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LA CROIX DE SANG

La José-Baptiste a-t-elle dit vrai ?

Voici, tout de même, une autre explication que beaucoup de mes lecteurs délicats aimeront mieux.

Elle m’a été soufflée à l’oreille par mon démon familier.

***

Reportons-nous à deux siècles et plus en arrière.

Le voile mouvant de la forêt primitive s’étend encore sur les bords du grand fleuve et déroule, jusqu’en des lointains infinis, ses replis d’où s’échappent de mystérieux murmures ; le fleuve, drapé dans son écharpe d’émeraude comme aujourd’hui, comme aujourd’hui aussi dort paresseusement dans son lit profond, ou jette à ses bords impassibles l’écume de ses flots vagabonds.

Des oiseaux aux larges ailes blanches tourbillonnaient dans l’air comme des voiles qui se déchirent, et, sur les eaux, des pirogues élancées glissaient comme de grands oiseaux. Des cris, nulle part