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LA CROIX DE SANG

qui soient sorties des ondes de notre fleuve.

Les Hurons, dociles et intelligents, avaient prêté l’oreille à la parole du missionnaire et aux avances du soldat. Ils avaient offert leur front au baptême, et tendu leur main à la France. Ils sont demeurés fidèles.

Ce matin-là, Brin-d’herbe, la plus jolie Huronne du hameau naissant, quitta, aux premières lueurs de l’aurore, sa couche de feuilles odorantes. Elle serra autour de ses hanches une longue bande d’étoffe brillamment « carreautée, » chaussa des mocassins brodés avec du poil de porc-épic, teint de diverses couleurs, arma ses bras de bracelets de cuivre nouvellement poli, et mit à son cou un collier de verroterie, où s’attachaient une croix et une médaille d’étain fin. Ensuite elle alla prendre, sur une tablette, dans un coin de la cabane, une « couverte » de drap noir bordée d’une large raie bleue, et elle en enveloppa ses brunes épaules. Alors, sou-