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LA CROIX DE SANG

l’heure bénie où l’Église de Jésus-Christ la presserait sur son cœur de mère, en l’appelant sa fille bien-aimée.

Aux pâles lueurs de l’aube avaient succédé des teintes plus vives, et le ciel d’orient fermait d’une barrière de pourpre, par delà les îles, le grand fleuve endormi. Les premières gerbes lumineuses tombèrent comme une pluie de diamants sur le feuillage, et les Hurons sortirent de leurs cabanes pour aller prier à l’église et travailler au champ. Libres fils de la forêt, fiers guerriers que le fer n’avait pu dompter, ils venaient humblement se courber sur la glèbe, après avoir enterré la hache de guerre et rejeté loin le tomahawk, afin de vivre à l’ombre de la croix.

***

Les canots montés par les Iroquois avaient atterri dans une anse, sur la droite de l’île, à quelques arpents de la petite église. La rive était élevée en cet endroit. Les arbres s’y échelonnaient ma-