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LA CROIX DE SANG

Et ceux qui ne travaillaient point sous les feux du joyeux soleil, dans les flots des matinales et fraîches émanations venues des bois et des eaux, ceux-là priaient, réunis autour de leur père, au pied du plus humble des autels, mais tout près de Dieu.

Alors un cri formidable retentit :

Ohé ! ohé ! ohé !

Et la troupe barbare s’élança.

Pauvre Huron, la moisson qui va couvrir ton champ s’étendra comme un voile de deuil, à l’automne. Elle va germer dans ton sang.

Le saint missionnaire s’apprêtait à verser l’eau du baptême sur le front de la jeune néophyte, quand les féroces Iroquois firent, en hurlant, tomber la porte de l’église, et s’enfoncèrent par une trouée sanglante à travers les chrétiens en prière, jusqu’à l’autel du sacrifice.

Quand ils furent fatigués de tuer, écœurés de sang, ils enchaînèrent quelques prisonniers, pour la vengeance du len-