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FANTÔME

le calme endormeur de la vallée, que sur les cimes bruyantes qui regardent le ciel ; et les amitiés qui naissent au soleil de la prairie, ou sous la ramure parfumée, gardent toujours quelque chose de leur suavité première.

Ensemble, aux jours de leur enfance, ils avaient fréquenté l’école du village. Elle, plus jeune et plus studieuse, lui, moins adonné à l’étude qu’au jeu, et regardant souvent, d’un œil coquin, par-dessus son livre ouvert, la petite écolière du banc voisin.

Ils avaient marché, poussés par la foule qui se hâte vers l’avenir, et quinze ans après, Joséphine Duvallon, la petite studieuse d’autrefois, était une grande brune, fraîche et rose comme un fruit mûr, et Mathias Padrol, son petit ami, robuste, large d’épaules, la lèvre marquée d’une moustache noire en accent circonflexe, passait à bon droit pour le plus faraud de la paroisse. Il n’en était pas le plus beau. Jean-Paul Duvallon, le frère de Joséphine,