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Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/447

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FANTÔME

avait meilleure tournure. Puis son œil bleu plein de rêves troublait agréablement les jeunes âmes. Les sensibles villageoises se tournaient vers lui, comme les marguerites des prés se tournent vers la lumière. Mathias aurait été jaloux s’il n’eût aimé la sœur de son ami.

Un jour, ils partirent ensemble, Mathias et Jean-Paul, pour courir après la fortune. Ce fut un jour de deuil pour leurs familles et pour la jeunesse de la paroisse.

L’absence avait duré trois ans, et les jeunes voyageurs parlaient de leur retour au pays. Cependant Mathias revint seul. Il avait le teint bronzé par le soleil, les mains gercées par le travail, le front traversé par une ride, le regard chargé d’une lueur singulière. Avec tout cela, fier d’être au milieu des siens, pendant que ses compagnons peinaient encore là-bas, dans les montagnes de la Californie, le pic à la main pour déterrer les filons d’or, le pistolet à la ceinture pour se défendre contre les bandits.