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Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/49

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LE SPECTRE DE BABYLAS

sombres, et les arbres des bords se découpaient comme une couronne royale sur le fond éclatant des eaux et du ciel. Le soir arrivait et les oiseaux remplissaient l’air de leurs cris d’allégresse. Pourtant, on aurait dit qu’il y avait des plaintes au milieu de ce concert d’amour. Mais non, les oiseaux qui souffrent ne chantent pas, et l’homme seul peut trouver la consolation en chantant ses douleurs. Il a le souvenir et l’espérance ; il a surtout son âme et Dieu.

Tout à coup, dans le lointain de la forêt, un gémissement prolongé s’éleva. Nous nous regardâmes un peu surpris et la même parole nous échappa.

— Le hibou !

Nous l’écoutâmes avec émotion. Il ululait d’une voix lugubre, et des échos non moins lugubres lui répondaient des bords escarpés de la rivière.

— Je ne sais pas s’il est réel, celui-là, fit Célestin en se levant.

Et ses regards demeurèrent longtemps fixés vers l’endroit de la forêt où se trou-