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LE SPECTRE DE BABYLAS

vait jadis la maison hantée, et l’on eut dit qu’il revoyait une horrible scène du passé.

Nous nous éloignâmes de la mare dormante et des trembles palpitants. Sur la route quelques charriots passaient, chargés d’écorce de pruche pour les tanneries.

— Et ta fortune, demandai-je à mon ami, d’où vient-elle donc ? Il me tarde de le savoir.

— Il n’a tenu qu’à toi, mon cher, de la partager, me répondit-il.

Pendant que je me plongeais dans l’étonnement, il continua.

— Te souviens-tu que je t’ai dit en sortant de la masure : « Veux-tu revenir demain ? » et que tu m’as répondu : « Merci bien, j’en ai assez. » T’en souviens-tu ?… Je voulais en avoir le cœur net, de cette apparition. Je n’étais pas très rassuré, cependant, et je sentais des frissons courir sur mon épiderme. Je me disais, pour soutenir mon courage, qu’on n’a jamais vu les morts faire du mal aux vivants. Il fallait y aller bravement, et ne pas se laisser effrayer par les cris, les