Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/514

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
476
FONTAINE VS. BOISVERT

— Chacun son goût, mon garçon.

Il alla pour relever son fléau, mais, comme s’il se fut ravisé :

— Veux-tu venir fumer une pipe à la maison ? demanda-t-il.

— Merci, monsieur Fontaine, je viens vous demander la permission de déboucher le fossé que vous avez rempli. Voici que les pluies vont tomber, et vous savez le dommage qu’elles peuvent nous causer, si elles ne s’écoulent point.

— C’est que Scholastique ne chantera pas sur ce ton-là.

— Vous n’allez pas vous laisser mener par le bout du nez, observa Joseph, c’est vous l’homme… donnez le ton… Faites-la chanter juste…

Il disait cela d’une façon badine. Le père Moïse ne riait pas, cependant. Il reprit en branlant la tête :

— Pour avoir la paix, mon garçon, il faut parfois s’exposer au ridicule.

— Mais il ne faut toujours pas faire de tort à son prochain.

— Arrange-toi avec Scholastique.