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PATRIOTISME

Ils étaient oubliés. Leur entretien fut tendre d’abord, mais il fut triste aussi, car Héloïse, plus d’une fois, essuya ses beaux yeux noirs.

Puis Marcel, dans un sombre enthousiasme, se prit à parler de la nécessité d’un soulèvement. C’est par là que les grandes révolutions commencent. Il proclamait le droit des citoyens à la liberté politique, et gémissait sur la position humiliante des Canadiens-français, les fils des défricheurs, les maîtres du sol autrefois. Il disait la morgue insolente des bureaucrates, le partage inégal des emplois, l’abaissement organisé de la race française. Il peignait, d’une voix vibrante mais comprimée, la gloire de ceux qui meurent en luttant contre la tyrannie et l’injustice. Il expliquait l’héroïsme de ceux qui sacrifient leurs biens, leur jeunesse, les ivresses de l’amour, les espérances d’une longue félicité, pour adoucir les souffrances de leurs semblables et relever l’honneur de la patrie.