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PATRIOTISME

crifices s’emparait de son imagination vive, et déjà elle cherchait un bûcher.

Quand ils se séparèrent, les deux jeunes amoureux se firent un adieu touchant, comme l’adieu des martyrs qui s’en allaient aux lions de l’amphithéâtre.

* * *

Marcel partit, un matin d’octobre, avec quelques amis jeunes et inexpérimentés comme lui, pour aller se battre contre les chouayens. La petite troupe se rendait à Sorel. De là elle remonterait la rivière Chambly, cherchant les endroits où se ralliaient les soldats de la liberté. Ils ne connaissaient pas le pays, ces jeunes gens, et ils allaient guidés par les mille voix de la rumeur.

Le fusil sur l’épaule, la casquette sur l’oreille, ils marchaient gaiement, jetant un regard de mépris sur les peureux qui restaient avec les femmes ; et quand ils entendaient les enfants crier à leur mère que la « guerre » passait, ils se redressaient