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Page:LeMay - Contes vrais, 1907.djvu/87

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SANG ET OR

jamais empêché de dormir. Mais si ce que l’on vient de raconter est vrai, je n’ai plus qu’à m’incliner.

— Je vous jure que c’est vrai, affirmai-je avec aplomb.

Il parut réfléchir un moment encore, puis il ajouta :

— Il est toujours pénible de dire du mal des autres, et surtout des siens.

— Comment ! repris-je très étonné, vous voulez vous amuser à nos dépens. Vous n’êtes pas de la famille de ce damné.

— Je suis de la famille de ce damné, mais par alliance, et c’est encore trop, avoua-t-il.

Puis, comme fortifié par cet aveu, il continua :

Enfin, ce n’est pas ma faute, c’est le hasard. L’ivraie se mêle au bon grain, les chardons poussent au milieu des fleurs. Quand il s’agit des âmes et des consciences, des vertus et des vices, c’est le bon Dieu qui fait le triage, et il le fait bien.