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SANG ET OR

Nous le prions alors de raconter cela… de dire tout. Nous sommes des gens d’honneur, et capables de garder un secret quand c’est nécessaire.

— Pas ce soir, demain, répond-il. Il faut que je me recueille un peu. Bien des choses s’effacent de ma mémoire maintenant ; et puis, je ne sais pas s’il est bien opportun de réveiller des souvenirs mauvais, et de raconter la vie de ceux qui n’ont pas craint le Seigneur.

Le lendemain, dès après le souper, nous étions tous assis dans nos fauteuils de frêne, les uns à demi-perdus dans l’ombre des angles, les autres se profilant dans un cercle de pâle lumière, à une petite distance de la table où brûlait mélancoliquement une lampe de verre. Nous causions spectres, fantômes et revenants, en attendant le vieux voisin qui devait nous renseigner sur les habitants de la maison hantée. Il tardait. Peut-être ne voulait-il plus parler. Son secret mourrait avec lui. Le poêle grondait sous « l’attisée »