Aller au contenu

Page:LeMay - Deux poëmes couronnés par l'Université Laval, 1870.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
75
du canada

Le marin ne voit pas son léger bâtiment
Que paraît engloutir le terrible élément,
Si ce n’est toute fois aux lueurs de la foudre
Qui semble s’acharner à tout réduire en poudre.
Mais le vaisseau revient sur le flot agité
Comme un noble escadron qui cent fois culbuté
Se relève aussi fort et remonte sans cesse
À l’assaut d’un rempart ou d’une forteresse.
Le pilote incertain et perdu dans la nuit
Ne sait plus vers quel lieu son navire s’enfuit :
Le matelot troublé croit que Dieu l’abandonne
Et que pour lui déjà la dernière heure sonne.
Pendant toute une nuit, et pendant tout un jour
Nul astre du beau temps n’annonce le retour.
La mort plane partout. Dans leurs humides franges
Les flots semblent rouler avec des bruits étranges,
Tantôt un cri moqueur, tantôt un rire amer :
C’est le ricanement du démon de la mer !