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évangéline.

Et prièrent longtemps avec dévotion.
Quand le prêtre eut donné la bénédiction
Qui tomba de sa main sur la foule attendrie
Comme le grain de blé tombe sur la prairie
De la robuste main de l’actif moissonneur,
Il s’avança vers eux sollicitant l’honneur
De les avoir, longtemps, pour hôtes dans sa tente.
Basile, un peu confus, d’une voix hésitante,
L’assura d’un respect profond et filial.
En entendant parler son langage natal
Au milieu de ces monts, de ces forêts sauvages,
Que n’éveillent jamais que les grossiers langages
Des ignares tribus qui peuplent ces déserts,
Ou des ours et des loups les discordants concerts,
Le prêtre catholique eut une grande joie.
En suivant un sentier où la verdure ondoie,
Il guide à son wigwam les voyageurs lassés,
Puis il les fait asseoir sur des rameaux cassés
Recouverts de la peau de riche bête fauve ;
Et, signant de la croix son front auguste et chauve,
Il partage avec eux ses gâteaux de maïs,
Mets de tous les repas dans ces lointains pays.
À chacun à son tour, en souriant, il passe,
Pleine d’eau jusqu’au bord, sa vieille calebasse.


Bientôt les voyageurs disent, en peu de mots,
Le but de leur voyage et leurs pénibles maux.
Le prêtre leur répond d’une voix solennelle :
— « L’aube n’a pas six fois aux cieux tendu son aile,