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Page:LeMay - Essais poétiques, 1865.djvu/64

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ÉVANGÉLINE

Elle croyait encore entendre, dans son âme,
La mer se lamenter en déroulant sa lame ;
Et, parmi les soupirs et les tristes sanglots,
S’élevait une voix qui dominait les flots ;
Une voix ravissante et pleine de mystère,
Qui lui disait bien haut : « Infortunée, espère ! »


Ainsi la pauvre enfant, durant bien de longs jours,
Promena son espoir, sa peine et ses amours.
Son pied nu se brisa sur la ronce et l’ortie
Qui partout obstruaient le sentier de sa vie !


Esprit mystérieux, reprends ton noble essor !
Guide-moi, de nouveau, je veux la suivre encor !
La suivre par le monde où, seule, elle est allée ;
Comme le voyageur, le long d’une vallée,
Suit le cours sinueux d’un rapide ruisseau !
Loin des bords, quelquefois, il voit la nappe d’eau
Resplendir au soleil à travers la verdure ;
Quelquefois, près des bords, il entend son murmure
Et ne la voit point fuir sous l’épais arbrisseau :
Ainsi je la suivrai jusques à son tombeau !