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FANTÔME

sûr… Il m’a prié de vous embrasser tous et de vous dire de vivre sans inquiétude…

— Et nous autres qui comptions l’avoir à notre petite fête du foulage ! s’écria la mère Duvallon, en s’essuyant les yeux avec le coin de son tablier.

En ce temps-là la vie des champs était plus rude qu’aujourd’hui, mais elle était plus belle. Les rapports entre les voisins étaient plus intimes ; les mœurs avaient encore quelque chose de patriarcal. La paroisse était une grande famille tenant feu et lieu un peu partout : à la « grand’côte » et dans les « concessions, » sous l’œil du curé et des vieillards.

L’industrie dormait. La machine n’avait pas remplacé les bras et la corvée florissait. Non pas la corvée humiliante et lourde de la féodalité, qui taillait le peuple à merci, mais la corvée de la liberté chrétienne qui s’empresse à secourir la souffrance.

Et parmi ces petites fêtes du travail, le foulage des étoffes de laine n’était pas sans originalité.