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fables

Traçaient tour à tour comme une auréole.
Un poisson jaloux, prenant la parole,
Aux autres poissons dit en le voyant :

— Souffrirons-nous donc dans notre domaine
Ce fier étranger au col ondoyant ?
Son vol l’apporta que son vol l’emmène ;
Il est un oiseau, non pas un poisson.

— Qu’il s’en aille loin ! dit, à l’unisson,
Le chœur menaçant des poissons stupides,
Et tous contre lui s’élancent alors.

Le cygne ouvre, ému, ses ailes rapides
Et vole en chantant jusque sur les bords.

— De quel droit viens-tu ? dit un quadrupède,
Sortant irrité de l’ombre des bois —
Je ne souffre pas qu’on me dépossède ;
Va-t-en dans les airs.

Le cygne, aux abois,
Nagea dans l’air pur et dans la lumière,
Modulant encore un soupir divin.