Aller au contenu

Page:LeMay - L'affaire Sougraine, 1884.djvu/409

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
411
l’affaire sougraine

était allé la chercher pour l’emmener avec ses enfants, mais qu’il la trouva morte étendue sur le sable. Oui, je m’en souviens comme si c’était d’hier… monsieur le juge… Qu’alors il l’a jetée à l’eau pour éviter les persécutions… Vous comprenez ? Il aurait été soupçonné… Le monde est si méchant…

— C’est en effet bien possible… murmura-t-on de toute part, dans la salle.

— C’est ce que tu m’as dit, Sougraine, n’est-ce pas ? continua le témoin, en se tournant vers le prisonnier.

— C’est bien, madame, observa le juge, mais adressez-vous aux jurés, s’il vous plaît, non pas à l’accusé.

— Je ne mens pas, monsieur le juge. J’avais oublié cela dans mon premier témoignage, parce qu’on ne me demandait rien. La mémoire me faisait défaut. Maintenant je vois tout comme si j’y étais. Il y a pourtant longtemps de cela…

Elle se mit à compter sur ses doigts…

— Un, deux, trois, quatre, cinq — quatre fois cinq font vingt, et trois, font vingt-trois… Mon garçon aurait vingt-trois ans…

— Elle est folle ! madame D’Aucheron est folle