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l’affaire sougraine

— Je vous croyais courageux, répondit Léontine.

— Courageux, je le suis quand je sais d’où vient le danger et où se cache l’ennemi.

— Je voulais vous éviter d’inutiles alarmes et des tourments insensés.

— Mais si vous m’aviez dit : Lutte, combat et espère, j’aurais, avec le plus grand bonheur, bravé tous les périls, repoussé toutes les attaques, brisé tous les obstacles.

— La valeur, dans ces batailles de l’amour, consiste souvent à beaucoup souffrir en silence. Je vous ai dit d’espérer.

— Mais depuis quand veut-on vous faire épouser ce ministre ?

— Duplessis vous a dit que c’est un ministre.

— Pas à moi, à madame Villor.

— Et vous m’avez trouvée bien…

— Bien discrète pour le moins.

— Vous avez dû me décocher un autre qualificatif.

— Ma foi ! j’étais tellement ahuri que je ne cherchais nullement les noms que vous méritiez. Quand j’eus repris un peu possession de moi-même,