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l’affaire sougraine

— Je croyais qu’un certain nombre était nommé à vie.

— Oui, sans doute, ils sont nommés à vie ; c’est-à-dire qu’on leur donne avis de leur destitution, dit le ministre en riant de son affreux jeu de mots.

— Monsieur, fit le jeune docteur, n’avez-vous que cet ingénieux moyen de vous tirer d’affaire ?

— Pour le bien public tout est permis ; il n’y a pas d’injustice lorsque la force majeure commande.

— La question est de savoir quand il y a force majeure, répondit le professeur Duplessis. Et, s’adressant au notaire Vilbertin, il ajouta :

— Quand un contrat, même tacite, a eu lieu bona fide entre deux parties, est-il permis à l’une ou à l’autre des parties de l’abroger de son chef ?

— Un contrat ? non, s’il s’agit d’un contrat ; mais il y en a tant de contrats, vous savez, il faut être explicite et bien spécifier. Il y a tant de causes qui peuvent rendre un contrat nul. Il y a, par exemple…

— Assurément, monsieur le notaire, fit le jeune docteur, vous ne l’êtes guère explicite, vous, en ce moment.