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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

squelette puissant. Et tant que la fatigue n’a pas engourdi ses bras, la troupe unit la gaie chanson du village au résonnement métallique de l’instrument.

L’ex-élève était un scieur infatigable. Comme les coups de bec des piverts sur les arbres, on entend la hache des piqueurs qui enlèvent, sur quatre faces, l’écorce du billot, et préparent la voie à l’ouvrier par excellence du chantier. Le voici cet ouvrier ! Il porte, sur l’épaule, une hache énorme avec laquelle il s’identifie. On l’appelle la grand’hache. C’est d’ordinaire le plus robuste du chantier. Dans sa large main l’outil semble léger. Son œil exercé est juste, et sa hache tranchante n’entame pas plus qu’il ne faut le billot dégrossi, pour qu’il devienne une pièce carrée, superbe et droite comme si elle eut passé sous le fer du rabot.

Joseph le pupille d’Asselin et Noé Sanschagrin, étaient des grand’haches.

Dans les chantiers de billots l’armée des travailleurs est moins nombreuse ; piqueurs et grand’haches sont inutiles.

Quand le billot est scié, quand le plançon est équarri, les charretiers le traînent jusqu’à